lmages improbables et orographies - 2017
Tout commence en 2011.
Les images présentées n’existaient pas et n’auraient d’ailleurs jamais dû
exister. Mais voilà, un concours de circonstances,
certains appelleront cela du hasard ou encore un accident de parcours, en
a décidé autrement. Elles se sont formées, pour disparaître presque instantanément.
Et pour tout dire je n’ai pas vu grand-chose, mais j’étais là.
Tout s’est passé tellement vite. La prise des clichés a figé des images improbables,
en tout cas imprévues.
Capture aveugle, matérialisation d’une image impossible.
Le temps et l’espace se sont pour ainsi dire comprimés. Dans le même temps,
l’image s’est fragmentée, figeant dans ce temps fugitif différents instants.
La photographie est devenue une concentration d’informations réorganisant
des lieux, des êtres et du temps.
Ne pas être en réaction, laisser les choses se décanter, le temps qu’il faut
pour réapparaître et se révéler, prémices à un dialogue.
Ainsi, le processus peut se mettre en place. Il y a d’abord eu Les plans.
Tous sont issus de photographies. Par projection.
A la fois structure de l’image par l’épure des lignes, ils s’échappent de
la source. Cette mise à plat à travers des lignes gravées rehaussées de blanc
devient la trace de quelque chose, un plan au sol ? Une empreinte ?
Une nouvelle représentation se construit avec ses repères, une circulation.
Jusqu’à épuisement. De la matière. De la mémoire. Quant au temps, il pourrait
être ancien, même très ancien. Ici ou dans d’autres contrées. Le même processus
se décline dans Les cartouches avec cette fois des hommes qui s’affairent,
des lignes qui se percutent mais le tout dans une temporalité qui nous est
familière. Et finalement un dessin qui pose le tout, filtre et conserve juste
de quoi suggérer.
Effleurer la surface, en extraire l’épiderme avant que le vent n’ait tout
balayé. Les désencrées vont vivre l’épreuve
de l’effacement, à n’en pas douter, mais à quel rythme, nul ne le sait et
c’est tant mieux. Les images mises à l’épreuve d’un processus de projection
et d’impression changent de nature. Chaque gouttelette a entamé une migration.
Point parmi tous les points, elles semblent résister ensemble à une disparition
prochaine. Accrochons un regard encore quelques instants, tant que cela est
possible, après il sera juste trop tard.
Dans cette course contre la montre, les impressions encrées sont devenues
matrices et ont enregistré une étape de leur existence.
Peut-être est-elle là la substance de la pensée, cette empreinte à peine saisissable
qui disparaît à peine née.
Stockée quelque part, elle pourra être réactivée, ou pas…
Bénédicte Reverchon - 12/2017